9 janvier 2013 - Radio France Culture
L'austérité est une erreur mathématique !
LIEN AUDIO: ici
Billet politique d'HUBERT HUERTAS
sur radio France Culture, à réécouter 3mn
Texte du billet :
C'est une information extraordinaire, dont les conséquences sont immenses, mais qui fait beaucoup moins parler que les dérives pathétiques d'un acteur célèbre. Un rapport de quarante quatre pages signé par un économiste en chef du FMI, un français, Olivier Blanchard. Il dit tout simplement que les plus hautes instances économiques mondiales et européennes se sont plantées en imposant, au nom de la science, l'austérité à toute l'Europe.
Ce que dit Olivier Blanchard, c'est que le modèle mathématique sur lequel s'appuyaient ces politiques visant au désendettement radical, et au retour sacré à l'équilibre budgétaire, comportaient une erreur au niveau, je cite, du multiplicateur fiscal. Pour simplifier beaucoup, ce modèle mathématique, donc incontestable, prévoyait que lorsqu'on retire un euro dans un budget il manquerait un euro dans le pays concerné. Or c'est faux. Pour des raisons qui tiennent à une réalité parfaitement triviale, et qui est que les hommes sont humains, cette austérité a déclenché des réactions collectives qui ont abouti à ce que cet euro retiré a provoqué la perte de trois euros dans les sociétés concernées.
Multipliez par des milliards, et vous comprendrez pourquoi l'austérité imposée à coup de sabre par des troïkas savantes n'a conduit qu'à plus d'austérité, plus de chômage, et plus de récession.
L'équation était fausse, ce qui est remarquable en soi, surtout quand on songe au Mississipi, que dis-je, à l'Amazone de leçons d'austérité péremptoire, délivrées chaque minute, sur toutes les antennes, et dans tous les journaux, par des commentateurs sûrs d'eux et dominateurs.
Mais le plus incroyable est ailleurs.
C'est qu'il ait fallu s'apercevoir que quelque chose clochait dans une équation pour découvrir que quelque chose n'allait pas dans la vraie vie. Un peu comme si on assistait à des accidents de la route en chaîne et qu'on ne donnait pas l'alerte tant qu'un modèle mathématique ne disait pas que c'était des accidents.
On ne peut pas aller plus loin dans le triomphe de la technocratie. Il a fallu qu'un expert constate un problème avec un coefficient multiplicateur pour que ce qui saute aux yeux soit perçu par nos cerveaux. L'Europe est à la traîne, son chômage bat des records, sa croissance est en berne, la pauvreté s'installe, bref la voiture est dans le fossé, mais peu importe, on ne change pas de politique puisque c'est la seule et qu'en vouloir une autre serait une demande ignare.
Les ignares vous saluent bien, mais les dévots de l'austérité n'ont pas rendu les armes. L'histoire de l'équation commence à cheminer, on en a parlé dans le journal de France 2 hier soir, l'Humanité l'a évoquée, le Washington Post aussi, mais elle ne fait pas encore la une. C'est qu'on ne renonce pas d'un jour à l'autre à une idéologie. Même vermoulus les murs de Berlin ne s'affaissent pas d'un jour à l'autre.
Le rapport de 40 pages d'Olivier Blanchard (chef économiste du FMI) et Daniel Leigh ..................... en PDF :ici
L'Antrhopologue PAUL JORION
l'évoquait il y a longtemps sur son BLOG :ici
Joseph Eugene Stiglitz est un économiste américain né le 9 février 1943. Il a reçu en 2001 le prix Nobel d'Économie, pour un travail commun avec George Akerlof et Michael Spence. Il est l'un des fondateurs et des représentants les plus connus du « nouveau keynésianisme ». Il a acquis sa notoriété populaire à la suite de ses violentes critiques envers le FMI et la Banque mondiale, émises peu après son départ de la Banque mondiale en 2000, alors qu'il y était économiste en chef.
17 avril 2013
Une erreur dans une étude sur l'austérité
dégomme les idées reçues
La nouvelle a de quoi redonner le sourire aux Indignés. Après l'erreur de calcul du Fonds monétaire international (FMI) sur les multiplicateurs budgétaires révélée en janvier, une nouvelle polémique de nature économétrique ébranle à nouveau la crédibilité d'une institution prestigieuse.
L'article incriminé s'intitule "Croissance en période de dette" ("Growth in a Time of Debt" .pdf), il a été publié en 2010 par deux économistes réputés de Harvard et anciens cadres du FMI, Carmen Reinhart et Kenneth Rogoff, et, s'appuyant sur des données collectées entre 1946 et 2009, il démontre que la croissance s'est révélée sensiblement inférieure dans les pays dont la dette publique dépassait 90 % du PIB.
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Pour une nouvelle approche de la Richesse et de la monnaie.
Alors qu'il suffit d'ouvrir chaque jour son journal pour avoir la mesure (ou la démesure) de la crise financière, écologique et sociale que nous vivons aujourd'hui, alors que l'on sait qu'une logique de traitement de la situation financière et économique qui ne prenne en compte ni la question sociale et ses inégalités criantes, ni la question écologique et la préservation de la planète, ne peut qu'accentuer l'insoutenabilté de ce monde… il est grand temps de nous interroger sur ce qui compte vraiment pour nous, de connaître les expériences qui indiquent concrètement que d'autres voies sont possibles, et cela dès aujourd'hui… de nous réapproprier l'idée que « le monde, c'est nous », et que nous pouvons le changer…
C'est ce que nous propose le Produit Intérieur Doux :
Prendre conscience que nous laissons à des outils de mesure le pouvoir de décider à notre place, dans notre quotidien, de ce qui « fait » richesse ou non, Imaginer d'autres façons de compter qui tiennent compte... de ce qui compte pour nous. Nous entraîner vers la reconnexion à nos ressentis, nos sensibilités, nos imaginations, comme force de vie, revaloriser les créativités et capacités d'invention de sa propre vie, pour tout un chacun, au travers de l'approche artistique.
Produit Intérieur Brut
l'indicateur périmé
Comment reconsidérer le PIB, mesure unique et imparfaite de la richesse ?
"indices" La croissance, c'est l'augmentation du PIB, mais le PIB, c'est quoi ?
"Indices", c'est un film-enquête pour tenter d'élucider cette question et trouver une solution pour sortir de ce dogme ! De nos jours encore, le PIB est l'indicateur de richesse le plus cité en référence dans les médias, par les économistes, les journalistes ou les élus politiques. Qu'est-ce donc qui fait continuer à préconiser l'augmentation du PIB coûte que coûte si celui-ci, pour reprendre l'expression de Robert Kennedy, "sert à mesurer tout sauf ce qui fait que la vie vaut d'être vécue" ?
"Indices" expose les aberrations d'un mode de calcul qui additionne en positif les réparations occasionnées par les catastrophes et qui continue d'être le principal critère utilisé pour situer "le niveau de vie" des nations.
Les indicateurs véhiculent toujours certains objectifs. D'où la nécessité de les choisir avec soin et collectivement. Et de reconsidérer l'existant, à commencer par le PIB, mesure unique et imparfaite de la richesse.
On a beau le savoir, c'est plus fort que nous. Nous restons collectivement sous le joug d'une puissante drogue dont les initiales tiennent en trois lettres : PIB. Le produit intérieur brut, ou plus exactement sa croissance perpétuelle, semble en effet s'être érigé en fin ultime de nos sociétés. Et ce alors même qu'on ne cesse d'en montrer les limites, dans tous les sens du terme. C'est de cette addiction générale et des voies pour en sortir que traite le dernier documentaire de Vincent Glenn, sept ans après Pas assez de volume (Notes sur l'OMC), qui proposait de plonger dans les arcanes de l'institution genevoise et du controversé Accord général sur le commerce des services. Indices s'inscrit ainsi en quelque sorte dans la lignée de ce précédent documentaire puisqu'il vient pointer l'absurdité de cette fuite en avant consciente de la marchandisation généralisée.
Monnaie de singe
Découpé en neuf " énigmes " (" Pourquoi nos sociétés se fient-elles autant au PIB ? ", " De quoi sommes-nous riches ? ", " A quoi servira la commission Stiglitz ? "...), le réalisateur donne la parole à divers intervenants bien connus des lecteurs d'Alternatives Economiques, comme Patrick Viveret, Jean Gadrey ou Dominique Méda. Pour y apporter quelques éclairages, mais aussi soulever d'autres questions (voir "Les limites du PIB"). Ceux-ci viennent ainsi tour à tour déconstruire différentes évidences bien ancrées dans notre imaginaire depuis au moins Malthus, qui après s'être longuement interrogé sur le sens de la richesse, a décidé arbitrairement d'assimiler cette dernière à la quantité d'objets matériels produits.
Nous sommes bien conscients que la croissance du PIB a ainsi décroché du sentiment de bien-être - mais aussi de la réduction du chômage. Si nous continuons à conserver cette approche réductrice et erronée de la richesse, c'est en partie parce que, malgré les réfutations empiriques, reste ancrée en nous l'association de celle-ci au progrès et à la démocratie.
La règle du jeu
Or le problème, c'est que comme tout indicateur, celui-ci est " performatif " : il oriente la réalité qu'il est censé mesurer. On confond donc moyen et fin, faute d'être capable d'en revenir aux questions de base. Quand on rencontre un ami, on lui demande "comment ça va ? " et non "combien as-tu produit aujourd'hui ? ", remarque ainsi Jean Fabre. Pour autant, cela ne veut pas dire qu'il faille rejeter tout thermomètre car, comme l'explique Florence Jany-Catrice, "tout ce qui n'est pas compté finit par ne plus compter ".
Mais il faut se doter d'autres indicateurs de richesse, ce qui suppose un large débat de société. Un débat qui n'est pas simplement technique, mais renvoie au type de société que nous voulons. Et qui implique de " tout reconstruire, tant sur le plan individuel que collectif ". Vaste chantier, mais qui est, lui, réellement urgent.